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Quand la spiritualité ++ est une réponse traumatique

Nous ne sommes pas des êtres humains ayant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels ayant une expérience humaine. Cette phrase résume ce que je crois profondément. Je crois que la vie est sacrée et qu’elle n’est pas uniquement matière. Je crois que le monde devrait être spirituel, et pourtant dans cette vidéo je vais mettre des warning.



Disclaimer, je ne remets pas du tout en cause la spiritualité, ni les pratiques spirituelles que je pratique moi-même. Je souhaite juste attirer votre attention sur certains extrêmes et sur l’utilisation que l’on en fait, spécialement quand il y a trauma simple et surtout complexe.


Je vais tout d’abord t’expliquer comme la spiritualité peut être une aide dans ce que tu traverses quand elle est utilisée à bon escient. En effet, la spiritualité peut jouer un rôle profond dans la réponse au traumatisme en offrant des ressources et des stratégies pour guérir, comprendre et intégrer les expériences traumatiques. Je précise que pour moi, la spiritualité est notre voix intérieure/ La voix du divin en nous si je dois résumer simplement.


1. Restauration du sens et de l’espoir

Le traumatisme peut souvent laisser les individus avec un sentiment de perte de sens ou de désespoir, surtout après des événements qui brisent leur perception du monde ou de leur sécurité. La spiritualité peut fournir un cadre pour comprendre l'incompréhensible et rétablir un sens dans la souffrance.


2. Sentiment de sécurité et de connexion

Après un traumatisme, beaucoup de gens se sentent profondément isolés ou détachés de leur environnement ou de leurs proches. La spiritualité, qu’elle prenne la forme de la prière, de la méditation ou d'une pratique ou de l’appartenance à un groupe , peut offrir un sentiment de connexion à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.

Ce sentiment de connexion peut être vécu de différentes manières, que ce soit à travers une connexion divine, une communauté spirituelle, ou même avec la nature. Cette connexion aide à restaurer un sentiment de sécurité émotionnelle et psychologique, essentiel pour la guérison.


3. Régulation émotionnelle et apaisement

Les pratiques spirituelles comme la méditation, la prière, le yoga ou la contemplation peuvent avoir un effet direct sur la régulation du système nerveux, en particulier sur le système parasympathique, responsable de l’apaisement et de la relaxation. Ces pratiques aident à réduire l'activation du système nerveux sympathique (combat ou fuite), qui est souvent exacerbé après un traumatisme.


4. Renforcement de la résilience

La spiritualité peut aussi renforcer la résilience psychologique, un facteur clé dans la capacité à se remettre d’un traumatisme. Beaucoup de traditions spirituelles offrent des enseignements sur la compassion, le pardon, l'acceptation et l’équilibre émotionnel. Ces principes peuvent fournir aux individus des outils pour traverser la douleur et la souffrance, les aidant à se récupérer et à évoluer plutôt que de se laisser submerger.

Dans certaines traditions par exemple, l’idée de non-attachement ou d'acceptation de la souffrance permet de réduire la résistance émotionnelle face à l’expérience du traumatisme, ce qui facilite la guérison.


5. Évolution personnelle et transformation

Un autre aspect important est la capacité de la spiritualité à transformer l'expérience traumatique en un moteur de croissance personnelle. Cela permet souvent d’acquérir une profondeur spirituelle ou une vision nouvelle de la vie et une nouvelle perspective sur soi-même et sur le monde et puis la spiritualité offre souvent des voies pour une réconciliation avec la douleur elle-même et se détacher de la souffrance que peut amener la douleur.

Là, je pense t’avoir fait un panel des avantages de la spiritualité quand tu as connu un traumatisme. Maintenant, je vais faire exactement le contraire aussi pour que tu puisses voir comment quelque chose de positif peut être négatif parfois même dangereux quand il y a trauma complexe.


La spiritualité, bien qu’elle puisse être une ressource puissante dans le processus de guérison du traumatisme, peut aussi présenter certains risques si elle n'est pas abordée de manière équilibrée et consciente.


Lorsque la spiritualité est utilisée de manière inappropriée ou dans un contexte de vulnérabilité, elle peut entraver la guérison plutôt que de la favoriser et est une vraie réponse traumatique.


1. Escapisme et déni de la réalité

Dans certains cas, la spiritualité peut devenir une forme d’évasion ou de fuite face à la douleur et à la souffrance liées au traumatisme. Par exemple, une personne pourrait se concentrer sur des idéaux spirituels (comme le détachement ou la non-souffrance) pour éviter de confronter la réalité de son expérience traumatique.

Exemple : Une personne peut croire que la souffrance fait partie de la “volonté divine” et donc la minimiser, ce qui pourrait l’empêcher de traiter les effets du traumatisme de manière saine et appropriée. Combien de fois j’ai entendu : ton âme a choisi de vivre cela, ton âme a choisi ton partenaire parceque c’est ta flamme jumelle et que tu dois évoluer à ces côtés, tu as choisi ses parents là donc accepte leur maltraitance.

Par exemple, une personne qui adopte la loi du karma ou des croyances comme "tout arrive pour une raison, c’est la loi du divin etc" pourrait minimiser ou rationaliser son traumatisme au lieu de le confronter, risquant ainsi de ne pas traiter les aspects émotionnels sous-jacents du traumatisme.

Ca ne veut pas dire qu’il n y a peut être pas de raison à ce qui arrive, c’est juste que ce n’est pas le plus important pour guérir un trauma. Affronte la souffrance, ancre-toi dans ton corps qui a subi le trauma, ressens les émotions et une fois que tout cela sera fait, tu comprendras sans doute le pourquoi du comment et tu pourras avoir une vision plus en hauteur !


2. Pression à se conformer à des idéaux spirituels irréalistes

Certaines traditions spirituelles ou pratiques ou personnes n’ayant rien compris à la spiritualité ancrée telle que je la concois peuvent imposer des idées rigides sur la manière dont une personne devrait ressentir ou réagir face à la souffrance. Par exemple, des croyances comme "il faut toujours rester positif" ou "la souffrance est une illusion" peuvent induire une certaine pression à exprimer et pousse donc la personne à réprimer des émotions naturelles comme la tristesse, la colère ou la peur. Soyons que amour n’est-ce pas !

• Exemple : Une personne en deuil ou ayant vécu un traumatisme peut se sentir coupable de ne pas être assez "spirituelle" si elle continue de ressentir des émotions négatives, ce qui peut intensifier le sentiment de désespoir ou de culpabilité. Quand tu n’es que lumière, paillette et amour, tu ne peux pas ressentir la rage envers tes parents qui t’ont maltraité, tu la réprimes donc et puis un jour ca se retourne contre toi via des comportements auto saboteurs ou auto destructeurs.


3. Pratiques spirituelles non adaptées qui re traumatisent


Certaines pratiques spirituelles peuvent ne pas être adaptées aux personnes souffrant de traumatismes. Par exemple, des méditations profondes ou des rituels énergétiques mal encadrés peuvent raviver des souvenirs traumatiques ou activer des émotions non résolues, entraînant une re-traumatisation au lieu de favoriser la guérison. J’ai déjà été présente et vu ce genre de choses via des pratiques de breathwork non respectueuses, des pratiques de kundalini, de l’ayahusca etc. Je ne fustige pas la pratique, mais les personnes qui pratiquent et qui ne sont pas traumas informés.

• Exemple : La pratique de certaines formes de méditation intense ou de régulation énergétique peut amener une personne à se confronter à des ressentis physiques ou émotionnels qu’elle n’est pas prête à intégrer, ce qui peut provoquer un sentiment de déréalisation, d’angoisse ou de perte de contrôle parfois.

• Aucune pratique n’est safe à 100% quand il s’agit de traiter de l’humain, c’est pour cela qu’il est important de savoir gérer quand une personne panique ou n’arrive pas à faire la différence entre la réalité et ce qui ne l’est pas. Des pratiques d’ancrage à ce moment là sont très importantes.


4. Abus de pouvoir ou emprise de certaines figures de la spiritualité

Dans certains contextes, des groupes ou des leaders spirituels peuvent exploiter la vulnérabilité des personnes traumatisées en leur offrant des solutions rapides ou en imposant des croyances qui ne respectent pas les besoins individuels de guérison. Cela peut entraîner une dépendance excessive à la spiritualité ou à un leader, ou encore de l’emprise parfois.

Certaines personnes peuvent devenir dépendantes de figures spirituelles ou de groupes, au point d'abandonner leur propre jugement ou de renoncer à des traitements médicaux et psychologiques appropriés et peuvent complétement délaisser leur propre voix intérieure et être donc complétement déconnectes de leur propre spiritualité sous prétexte de croire en une figure connue dans le milieu.

Cela peut entraîner une perte de pouvoir personnel et un déséquilibre dans le processus de guérison et ça devient un cercle vicieux...


5. Blâme spirituel ou culpabilité


Certaines traditions spirituelles ou croyances peuvent faire naître un sentiment de culpabilité ou de blâme chez ceux qui ont vécu un traumatisme. Par exemple, des croyances comme "tu attires ce qui t’arrive" ou "ton traumatisme est une conséquence du choix de ton âme pour évoluer » peuvent laisser les personnes se sentir responsables de leur propre souffrance, au lieu de reconnaître la violence ou l’injustice subie.

Exemple : Une victime d’abus peut être poussée à croire que son traumatisme est un châtiment pour des actions passées, ce qui peut sérieusement entraver la guérison et perpétuer la culpabilité ou la honte. Il est possible aussi que la personne culpabilise de souffrir autant alors qu’elle devrait avoir la foi, ce qui continue d’alimenter la boucle et le vortex traumatique.


6. Spiritualité sans soutien psychologique

Si la spiritualité est utilisée comme un substitut à un accompagnement psychologique professionnel, elle peut empêcher une personne de recevoir des soins appropriés pour traiter les aspects psychologiques et émotionnels du traumatisme

Exemple : Une personne pourrait croire que la prière seule ou la méditation ou le soin énergétique peut guérir un traumatisme profondément enraciné, sans prendre en compte les besoins thérapeutiques pour traiter les effets émotionnels et psychologiques du traumatisme.

La spiritualité et l’énergétique, le subtil de manière générale est important dans la guérison mais la thérapie est fondamentale


7. Le spiritual by passing

Le spiritual bypassing (ou "détournement spirituel" en français) est un terme utilisé pour décrire le phénomène où une personne utilise des pratiques spirituelles pour éviter de faire face à des émotions, des problèmes psychologiques ou des traumatismes non résolus. En d'autres termes, c'est lorsque quelqu'un se réfugie dans la spiritualité pour fuir la réalité de ses difficultés émotionnelles ou mentales, plutôt que d'aborder ces problèmes directement.

Le spiritual bypassing peut être problématique car il empêche une personne de traiter ses blessures profondes, de guérir véritablement et de se connecter de manière authentique avec ses émotions et ses expériences de vie. Bien qu'il soit normal d'utiliser la spiritualité comme un moyen de trouver du réconfort ou de la clarté, il est important de ne pas l'utiliser comme un moyen d'évasion. La véritable guérison passe par l'intégration des aspects spirituels, émotionnels et psychologiques de notre être, plutôt que par la fuite ou l'ignorance.

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Comment utiliser la spiritualité de manière saine dans le processus de guérison ?

Si la spiritualité peut être un outil puissant dans le processus de guérison, il est important de l'aborder de manière consciente et équilibrée. Voici quelques suggestions pour éviter les pièges :

1. Allier la spiritualité et thérapie :

La spiritualité ne doit pas être un substitut à un travail thérapeutique solide. Il est important de combiner des pratiques spirituelles avec des approches thérapeutiques éprouvées pour traiter les effets du traumatisme.

2. Éviter les idéaux rigides :

Cherche à pratiquer une spiritualité qui est flexible, compassionnelle et inclusive. Ne te laisse pas piéger par des croyances ou des pratiques qui minimisent la souffrance ou ignorent la réalité du traumatisme.

Utiliser des pratiques spirituelles adaptées

Certaines pratiques spirituelles, comme la pleine conscience, la méditation centrée sur la compassion ou la prière de guérison, peuvent être très bénéfiques pour apaiser le système nerveux et réduire le stress. Il est important de choisir des pratiques qui favorisent la réintégration des émotions et non leur suppression.

3. Rester ancré dans la réalité émotionnelle :

Il est essentiel de reconnaître et d’accepter les émotions liées au traumatisme plutôt que de les ignorer. La spiritualité peut aider à trouver du sens et de la paix, mais elle ne doit pas être utilisée pour éviter de traiter les émotions difficiles.

4. Éviter l'isolement spirituel

Lorsque la spiritualité devient un substitut à la relation humaine, elle peut entraîner un isolement émotionnel. Au lieu de se retirer dans une dimension spirituelle pour éviter de vivre les émotions, il est essentiel de cultiver des relations réelles et humaines pour un soutien mutuel et une guérison partagée.

5. Prendre conscience des croyances limitantes

Il est crucial de remettre en question les croyances spirituelles qui risquent d’être limitantes ou de promouvoir des idées culpabilisantes. Choisir des enseignements spirituels qui soutiennent l’auto-compassion et l’acceptation des émotions sans jugement est essentiel.


La spiritualité peut être un outil puissant dans la guérison du traumatisme, mais elle doit être utilisée avec discernement. Lorsqu’elle devient une forme de détournement de la réalité, d’évasion émotionnelle ou qu’elle impose des croyances rigides, elle peut être contre-productive et nuire à la guérison. Il est important de trouver un équilibre, en utilisant la spiritualité comme un soutien complémentaire, mais non comme un substitut aux approches thérapeutiques et psychologiques.


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